Vaccination : "Il faut rendre aux parents la liberté de choisir"
Le Conseil constitutionnel doit déterminer ce vendredi si l'obligation de faire vacciner son enfant est contraire à la Constitution. Entretien.
Les époux Larère sont devenus le symbole d'un mouvement croissant de défiance vis-à-vis de la vaccination. Marc et Samia Larère refusent de faire vacciner leurs deux enfants, car les vaccins disponibles sur le marché présentent, selon eux, trop de risques et protègent contre des maladies qui n'existent plus en France, malgré quelques cas de tétanos répertoriés chaque année. Ils soulignent également que le vaccin contre les seuls diphtérie, tétanos et poliomyélite, aussi appelé DTP, n'est plus disponible sur le marché et que les vaccins utilisés aujourd'hui intègrent d'autres valences (des souches de maladie), pour lesquelles la vaccination est facultative. Seul le DTP est rendu obligatoire par le Code de la santé publique et le fait de s'y soustraire est réprimé par le Code pénal.
Ce refus a valu au couple une convocation devant le tribunal correctionnel d'Auxerre. Devant cette instance, leur avocat, Me Emmanuel Ludot, a soumis à la justice une question prioritaire de constitutionnalité, transmise au Conseil constitutionnel. La question met en opposition le droit à la santé, inscrit au préambule de la Constitution, et les dispositions du Code pénal et du Code de la santé publique. Vacciner un enfant doit-il rester une obligation légale ou relever désormais du libre choix des parents ? Le Conseil constitutionnel doit y répondre vendredi. Une occasion pour les sages de la Rue Montpensier de faire "bouger les lignes", selon Me Emmanuel Ludot. Entretien.
Le Point.fr : Qu'attendez-vous de la décision du Conseil constitutionnel ?
Emmanuel Ludot : Une clarification. Mes clients sont pris dans une tempête judiciaire parce que leur refus de faire est assimilé à de la maltraitance, alors qu'ils sont dans une démarche rigoureusement inverse, c'est justement l'attention particulière qu'ils portent à la santé de leurs enfants qui les a conduits à prendre cette décision. Marc et Samia Larère attendent une décision courageuse, de principe, qui rendra aux parents leur liberté et fera de la vaccination l'exception. Aujourd'hui, les trois vaccins obligatoires correspondent à des maladies qui ont été éradiquées, grâce au vaccin ou sans les vaccins, l'avis des experts restant partagés.
Que répondez-vous à la ministre de la Santé qui dit que "la liberté s'arrête là où commencent la santé publique et la sécurité de l'ensemble de la population" ?
La sécurité, c'est d'abord éviter les effets secondaires et les drames. Aujourd'hui, on ne vit pas en cercle fermé, en vase clos. À l'heure de la mondialisation, si mon enfant rencontre en vacances un enfant d'un pays où l'on ne vaccine pas systématiquement, quel risque court-il ? La notion, bien française, de la collectivité ne veut plus rien dire. Nous ne sommes plus en phase avec les pays européens qui nous entourent, seule l'Italie maintient avec la France l'obligation de vaccination. Pourquoi ne pas prendre exemple sur les États-Unis qui attendent que l'enfant atteigne l'âge de trois ans et donc une certaine immunité pour vacciner. La ministre agite le chiffon rouge sans répondre aux vraies questions.
Lesquelles ?
Les pouvoirs publics sont en train de payer très cher leurs mensonges, leurs errements et un demi-siècle de corruption généralisée entre les grands commis de l'État et les laboratoires pharmaceutiques. J'ai appris qu'un député PS était chargé de faire l'état des lieux de la vaccination dans notre pays. C'est bien, mais à quoi, à qui, cela va-t-il servir ? Des experts donneront leur avis. Par qui seront-ils financés ? Il n'existe pas dans ce domaine de transparence ni de contre-pouvoir. Ces relations incestueuses sont dangereuses pour la collectivité.
Que ferez-vous si la décision des sages ne va pas dans votre sens ?
Nous retournerons devant le tribunal correctionnel pour expliquer qu'il ne s'agit pas d'un délit, mais d'une contravention à la loi. Le dossier se refermera pour les Larère, mais pas pour tous les autres.
Source : Lepoint.fr