Alain Delon s’oppose à l’utilisation de son image sous forme d’hologramme
Sollicité par les créateurs d’une pièce de théâtre inspirée du chef-d’œuvre qu’il a produit en 1976, « Monsieur Klein », Alain Delon refuse qu’un hologramme le représente. Une décision prise avec sa curatrice puisque l’acteur de 88 ans est un majeur protégé depuis le 4 avril.
À l’occasion des 60 ans de carrière de la star, l’hebdomadaire Paris Match avait sorti un hors-série titré « Delon, l’unique ». Unique, le monstre sacré du cinéma tient manifestement à le rester, refusant même de donner la chance à son… double.
Selon nos informations, Alain Delon s’oppose en effet à l’utilisation de son image et de sa voix sous la forme d’un hologramme imaginé dans le cadre d’un projet théâtral inspiré du film « Monsieur Klein », chef-d’œuvre produit et interprété par Alain Delon sorti en 1976. Les créateurs de cette pièce de théâtre, intitulée « Monsieur Klein, pourquoi pas vous ? » avaient sollicité l’autorisation de l’acteur.
La réponse de ce dernier leur est parvenue via un mail du 3 mai de la mandataire judiciaire à la protection des majeurs qui veille sur Alain Delon, depuis que l’acteur de 88 ans a été placé sous curatelle renforcée après une décision du juge des contentieux de la protection de Montargis (Loiret). « J’ai rencontré Alain Delon en présence de son avocate. Nous lui avons présenté la pièce et votre demande. En l’espèce, il s’oppose à l’utilisation de son image », rapporte la curatrice à qui Me Emmanuel Ludot, avocat représentant du scénariste André Bendjebbar et du metteur en scène Iulian Furtuna, avait présenté le projet artistique.
« Nous passerons outre »
Vu l’état de santé d’Alain Delon, affaibli physiquement et mentalement par une longue maladie, et le climat de vives tensions né entre ses enfants et sa compagne Hiromi Rollin, puis entre ses enfants eux-mêmes , Me Ludot avait adressé une requête au procureur de Montargis — à l’époque où était pressentie une potentielle mesure de protection judiciaire — afin que puisse être recueilli l’accord, ou non, d’Alain Delon pour l’utilisation de son hologramme.
La demande a été répercutée auprès de la juge des tutelles, qui a redirigé l’avocat vers la mandataire, rappelant que dans le cas de cet acte mixte — à la fois patrimonial et personnel — le majeur prend sa décision sur le droit à l’image assisté de sa curatrice. Et c’est uniquement en cas de désaccord entre les deux que la juge statue. Apparemment, Alain Delon et sa curatrice sont sur la même longueur d’onde. C’est un non, avis tranché et présumément éclairé de l’acteur, dont le discernement fait l’objet d’avis contradictoires.
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« Nous en prenons acte, mais nous allons passer outre. Le projet va désormais pouvoir avancer », réagit Emmanuel Ludot, précisant que cette démarche a été effectuée « par pure courtoisie » et rappelant que la pièce de théâtre sera l’occasion de rendre un hommage au monstre sacré du cinéma. L’avocat soutient en outre qu’un hologramme est « une création artificielle, un nouveau personnage » et que ses inventeurs peuvent très bien « se passer de l’accord » d’Alain Delon.
Interrogé dans le JDD, le 19 mai 2019, sur la possibilité d’un nouveau challenge, le producteur de « Monsieur Klein », auréolé du César 1977 du meilleur film, avait répondu : « Si demain je reçois un beau projet, un truc qui me scotche, je le ferai. Même à 95 ans. »
Visiblement, sa participation sous la forme d’un hologramme dans une création dont l’ambition, selon André Bendjebbar, est aussi de « servir et grandir la mémoire de l’acteur et l’engagement noble de celui qui fût, à sa manière, un fer de lance de la lutte contre l’antisémitisme », n’a pas emporté son adhésion. Alain Delon et sa curatrice laisseront-ils cet hologramme prendre forme sans leur accord ? La question pourrait alimenter une nouvelle polémique autour de l’acteur retiré dans sa propriété de Douchy dans le Loiret.
Source : Le Parisien