Caricature d'Emmanuel Macron et Jacques Attali à Avignon : le graffeur Lekto relaxé
Le graffeur Lekto a été relaxé ce jeudi par le tribunal d'Avignon. Plusieurs associations l'avait attaqué pour antisémitisme après sa caricature d'Emmanuel Macron et Jacques Attali.
Le tribunal d'Avignon a relaxé ce jeudi le jeune homme de 31 ans à l'origine de la fresque polémique réalisée à Avignon sur le parking des Italiens. La fresque a été recouverte, mais Lekto était poursuivi pour injure et provocation publiques en raison de l'origine ou la religion. Elle représentait Jacques Attali en marionnettiste, en train de manipuler Emmanuel Macron. Plusieurs associations avaient porté plainte, car elles estimaient que la fresque était antisémite.
Le tribunal réfute le sentiment antisémite
Le tribunal d'Avignon évoque "l'illustration libre d'une critique politique" et estime que "la fresque litigieuse ne contient aucun élément implicite ou explicite qui révélerait autre chose qu'une satire politique de deux personnalités importantes de la vie politique française. Dans ses conclusions, le tribunal précise qu'aucun élément ne permet d'affirmer avec une absolue certitude que l'utilisation de la marionnette ait été conduite par un sentiment antisémite. La fresque en cause ne contenait aucun appel, même implicitement formulé, à la discrimination, la haine."
Le tribunal décide donc de le relaxer alors que lors de l'audience, mi-septembre 2024, le parquet avait requis contre lui 6.000 euros d'amende, dont 2.000 avec sursis. Une évidence pour l'avocat de Lekto, Maître Emmanuel Ludot. "Les spécialistes du dessin antisémite étaient tous quasiment d'accord, sauf quelques exceptions qu'on a vues à la barre, et il est clair qu'il n'y a de la part de Lekto aucune intention malveillante, assure-t-il. C'est quelqu'un qui dessine, qui s'amuse, qui aime avoir un message piquant sur le plan politique mais n'a jamais eu de comportement ni raciste ni antisémite, ça paraissant évident."
Dix jours pour faire appel
Emmanuel Ludot estime aussi que cette relaxe est d'autant plus évidente dans le contexte international de guerre entre Israël et le Hamas. "On a eu le drame du 7 octobre, et là on prend la mesure du caractère dérisoire des poursuites pénales, compte tenu de ce que nous vivons aujourd'hui dans les actes antisémites gravissimes sur le sol français et partout dans le monde."
Au contraire, les parties civiles regrettent cette décision du tribunal et estiment que leur argumentation n'a pas suffisamment été prise en compte. "On ne peut que regretter qu'il ait fait le choix de regarder chaque élément individuellement et pas l'ensemble comme constitutif de l'infraction, réagit Paul-Roger Gontard, l'avocat de l'association SOS Racisme qui s'est constituée partie civile. Or, tout l'objet du débat était précisément sur l'accumulation de symboles à caractère insidieusement antisémite".
Maître Paul-Roger Gontard espère que le parquet fera appel de cette relaxe, "pour que le débat soit renouvelé et que nous puissions de nouveau présenter l'ensemble de nos arguments. Il est trop facile de se dissimuler derrière des ambiguïtés, des doubles sens, comme le font trop souvent aujourd'hui, l'extrême droite et les extrémismes". Le parquet a dix jours pour décider s'il veut faire appel.
Source : France Bleu