Vidéo sur le bébé mort dans le four : « De la barbarie sur la barbarie », dénonce la mère d’une victime du Hamas avant le procès
La mère d’Ortal Benayoun, une des festivalières assassinées par le Hamas le 7 octobre, s’est constituée partie civile dans l’affaire de l’influenceuse jugée ce mercredi 22 novembre à Paris pour « apologie du terrorisme » et « provocation à la haine ». Cette Franco-Israélienne lui réclame 1 euro symbolique.
La beauté et l’horreur, le contraste vous saisit d’épouvante. La photo dévoile une jeune femme aux longs cheveux et au sourire rayonnant que seule une comparaison ADN a permis d’identifier tant son corps calciné la rendait méconnaissable. Elle s’appelait Ortal Benayoun, elle avait 24 ans et figure parmi les 364 personnes assassinées par les terroristes du Hamas au festival de musique électro « Nova » à Re’im le 7 octobre en Israël.
Sa mère sera l’une des parties civiles au procès ce mercredi 22 novembre à Paris de l’influenceuse autrice d’une vidéo diffusée sur le Net et dans laquelle elle ironisait sur la mort d’un bébé israélien qui aurait été mis dans un four allumé par des tueurs du Hamas pendant les massacres du 7 octobre, selon le récit d’un secouriste volontaire de l’organisation israélienne Zaka.
« Comment peut-on en rire ? C’est très cruel. Pour moi, c’est une barbarie sur la barbarie », soupire la maman d’Ortal, jointe ce mardi 21 novembre au soir en Israël et qui sera représentée par Me Emmanuel Ludot à l’audience où Warda A. doit comparaître ce mercredi après-midi devant la 17e chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris.
Cette Française de 37 ans, née à Djibouti, est poursuivie pour « apologie du terrorisme au moyen d’un service de communication en ligne » et « provocation publique à la haine, à la violence ou à la discrimination ». Un renvoi devant le tribunal décidé par le parquet à l’issue de la garde à vue de l’influenceuse qui avait été interpellé le 9 novembre à son domicile dans la capitale.
Un « préjudice direct et certain lié à l’infraction »
Dans cette vidéo, postée sur Instagram sous le pseudo Haneia Nakei, la trentenaire déclarait notamment : « À chaque fois que je tombe sur l’histoire du bébé qui a été mis dans le four, je me pose la question de s’ils ont mis du sel, du poivre, s’ils ont mis du thym. Ils l’ont fait revenir à quoi. Et ça a été quoi l’accompagnement ».
Ces propos tenus sur un ton goguenard ont choqué de très nombreux internautes et ce contenu a été signalé à la plateforme Pharos, ce qui a déclenché l’ouverture d’une enquête par le parquet de Paris.
« De la barbarie sur la barbarie, je partage la réaction formulée ainsi par ma cliente. Et j’espère que le tribunal cherchera à savoir si la prévenue a aussi été instrumentalisée », indique Me Emmanuel Ludot qui estime que la mère d’Ortal Benayoun, Franco-Israélienne de 61 ans née dans le XIIe arrondissement de Paris, a été « extrêmement choquée par les propos tenus par la prévenue alors même que sa fille venait de subir les pires atrocités en Israël ».
Selon l’avocat, ce « préjudice direct et certain lié à l’infraction » reprochée établit le bien-fondé de la constitution de partie civile de la mère de la victime. Une femme « morte intérieurement », selon ses mots, qui survit depuis les massacres chez l’une de ses autres filles où elle a dû se réfugier.
« C’est très dur »
Au téléphone, la voix de la sexagénaire témoigne d’un accablement et d’une infinie souffrance. Cette maman n’a su que le 12 octobre que l’un des corps réduit à l’état de charbon retrouvé sur le lieu des exactions était celui d’Ortal. La jeune femme était partie s’amuser au festival avec son petit ami, sa sœur Shirel et son copain, et un ami. Seuls Shirel, 23 ans, blessée par balle, et l’ami ont survécu assez miraculeusement au pogrom. L’amoureux d’Ortal a été retrouvé décapité.
« C’est très dur », lâche d’une voix apathique la mère de la jeune femme assassinée, meurtrie par les déclarations de l’influenceuse qui ont circulé sur le Net, donc potentiellement partout sur la planète. Certains avancent qu’elle aurait cumulé à près de 2 millions de vues. « Elle a en tout cas été vue par de nombreuses personnes de la communauté francophone ici, et je vous laisse imaginer la stupeur et le dégoût que cette vidéo a engendrés », glisse un Français établi en Israël.
Traumatisée, la mère d’Ortal Benayoun demandera par le biais de Me Ludot 1 euro symbolique au titre de réparation de son préjudice moral. Symbolique, tout est dit. Car, le profond chagrin d’avoir perdu sa fille est, lui, difficilement irréparable. « Ortal avait de grands projets, elle voulait devenir avocate », a confié il y a quelques jours sa mère au mensuel francophone Israël Magazine, décrivant une jeune femme « exubérante », « toujours souriante », le « sel de notre terre ».
Elle, sa sœur et les trois garçons avaient ce goût de la fête et du bonheur, ancré chez cette « nouvelle génération », comme l’appelle la mère au téléphone. En hébreu et littéralement, Ortal signifie lumière de rosée. Un prénom poétique et plein de légèreté aux antipodes des propos de la vidéo incriminée. Là encore, le contraste est saisissant.
Source : Le Parisien