«Le Hamas doit payer»:la plainte d’un Franco-Israélien pour crime contre l’humanité jugée recevable à Paris
André Darmon, patron du mensuel francophone Israël Magazine, a porté plainte contre le Hamas auprès du doyen des juges d’instruction du pôle crime contre l’humanité à Paris. Il nous explique pourquoi alors que le magistrat vient de fixer sa consignation de partie civile.
Jamais il n’aurait pensé en arriver là. À 70 ans, André Darmon a effectué les démarches pour demander un port d’arme, comme plus de 40 000 Israéliens l’ont fait depuis les massacres perpétrés par les terroristes du Hamas. « Je ne suis plus tranquille. Beaucoup moins tranquille en tout cas. Voilà la raison », résume ce Franco-Israélien installé à Tel-Aviv et pas vraiment connu pour être un parano ou un cow-boy.
Mais le 7 octobre — et ses plus de 1 200 victimes, des civils essentiellement, sans oublier ses dizaines d’otages —, a changé la donne. Parallèlement à ce port d’arme, le directeur général et rédacteur en chef du mensuel francophone Israël Magazine a pris une autre initiative beaucoup plus forte sur le plan symbolique.
Une plainte avec constitution de partie civile
Le 24 octobre, André Darmon a porté plainte avec constitution de partie civile à Paris contre le Hamas pour « actes de cruauté et de barbarie constitutifs de crime contre l’humanité. » Une plainte jugée recevable depuis que le doyen des juges d’instruction du pôle crime contre l’humanité a rendu, le 9 novembre, une ordonnance fixant une consignation de partie civile.
« Je suis content, enfin satisfait, je veux dire », confie le Franco-Israélien en cherchant le mot le moins inapproprié au contexte tragique, tant il aurait préféré ne jamais avoir eu à lancer cette action en justice. Mais la réalité est là : il lui fallait réagir à la pire attaque terroriste de l’histoire d’Israël, pays où ce Parisien de naissance est parti faire son alya en 1989.
« De confession juive, M. Darmon se sent visé et menacé par le Hamas qui a appelé à ce que tout juif soit tué dans le monde », indique Me Emmanuel Ludot qui a rédigé la plainte en soulignant la compétence universelle de la France qui permet à la justice française — sous conditions — de juger des actes de torture, des crimes contre l’humanité ou des crimes de guerre lorsque les faits ont été commis à l’étranger et que leur auteur et la victime ne sont pas français.
André Darmon possède, certes, la double nationalité, mais Me Ludot pense que la compétence universelle a « dû compter » dans la décision du doyen des juges de considérer cette plainte recevable, laissant l’avocat optimiste pour la suite de la procédure.
Car, c’est au parquet national antiterroriste (PNAT) qu’il revient désormais de se prononcer sur cette plainte en ouvrant une information judiciaire ou au contraire en déposant des réquisitions d’irrecevabilité. Dans ce second cas, la décision finale appartiendra alors au doyen des juges.
Darmon attend « un procès » de la justice française
Confiant lui aussi sur la façon dont sa plainte peut prospérer, André Darmon résume ce qu’il attend de la justice française. « Une enquête, un procès, il faut que ces gens-là, qui ont planifié et perpétré les atrocités de ce fatidique samedi noir du 7 octobre, soient jugés, espère le patron d’Israël Magazine. Vous savez, j’ai vu un député de la Knesset s’effondrer totalement en regardant les crimes filmés par les terroristes du Hamas. Et puis il faut faire payer les dirigeants du Hamas, ces gens riches à milliards au détriment du peuple palestinien, y compris au plan financier. » Dans l’attente de connaître les prochaines étapes liées à sa plainte, André Darmon guette les retours de sa demande de port d’arme. « C’est très encadré, il y a des critères à remplir, une formation de quelques jours à suivre », précise le journaliste qui assiste, depuis le 7 octobre, à une montée en puissance des « escouades de sécurité armées » qui ne se limitent plus aux kibboutzim ou aux villages, mais se déclinent « dans chaque patelin, bâtiment. »
Personnellement, l’ancien homme d’affaires devenu écrivain et patron de presse affirme qu’il se sentira plus rassuré armé, notamment quand il ira voir ceux de ces enfants qui vivent tout près de la ceinture de Gaza.
Des enfants, André Darmon en a sept. Il a perdu un fils soldat il y a dix-sept ans. Deux autres de ses garçons servent au sein de Tsahal. « Ici, et je sais que cela surprend parfois en France, mais nous sommes pour une armée forte, pour la sécurité », glisse cet enfant du Xe arrondissement, tout en rappelant qu’il votait Mitterrand quand il vivait en France, façon de dire qu’il ne se considère pas comme sécuritaire de nature.
Le patron d’un mensuel francophone
André Darmon aime à rappeler que son journal défend les valeurs de l’État d’Israël, le sionisme et le judaïsme, « même si je ne suis pas religieux » ainsi qu’il nous le confiait en janvier dernier lorsque nous avions révélé qu’Israël Magazine avait publié à la home de son site Internet un texte de l’humoriste controversé et multicondamné Dieudonné où il demandait pardon aux personnes qu’il a blessées, notamment ses « compatriotes de la communauté juive ». Un choix qui avait de quoi surprendre et qu’André Darmon avait justifié en se dépeignant en « homme libre. » De l’histoire ancienne. Dix mois plus tard, la Home du site du 15 novembre est illustrée par une photo de trois soldats et d’un titre « Tsahal entre à l’hôpital Al-Shifa, un bastion du groupe terroriste Hamas. » Le Hamas dont des membres devront peut-être répondre un jour devant la justice française.
La justice française qui a, dès le 12 octobre, ouvert une procédure criminelle assassinats en relation avec une entreprise terroriste », « enlèvements et séquestrations à l’égard de plusieurs personnes en bande organisée et en relation avec une entreprise terroriste » et « enlèvements et séquestrations à l’égard de plusieurs personnes mineures âgées de moins de 15 ans, en bande organisée et en relation avec une entreprise terroriste ». Les investigations sur ces faits concernant des victimes françaises ont été confiées à la Direction Générale de la Sécurité Intérieure (DGSI), en co-saisine avec la Sous-direction anti-terroriste (SDAT) de la Direction Nationale de la Police Judiciaire (DNPJ).
Source : Le Parisien