Le magazine Playboy saisit l’Arcom après la diffusion de ses photos de Marlène Schiappa par BFMTV
La revue dénonce mardi auprès du gendarme audiovisuel l’utilisation par la chaîne d’info en continu de photos de la secrétaire d’État extraites d’un entretien exclusif à paraître ce jeudi 6 avril.
« Je suis très remonté, c’est totalement déloyal. Ils ont foutu en l’air notre sujet, ou, en tout cas, amoindri sa portée. C’est du recel de vol. » Jean-Christophe Florentin, le directeur de publication du titre Playboy, est en colère. Il a saisi le mardi 4 avril l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) pour se plaindre de BFMTV. Le 1er avril, le patron de presse avait eu la désagréable surprise de constater que la chaîne d’information continue, via notamment son site Internet, avait en partie diffusé le dossier photos et texte sur Marlène Schiappa à paraître ce jeudi 6 avril dans l’édition française de la revue de charme la plus célèbre du monde.
La secrétaire d’État chargée de l’Économie sociale et solidaire lui a en effet accordé une longue interview concernant les droits des femmes, posant en tenue sexy, dans une robe blanche ample ou une robe crème moulante, comme l’avait révélé le Parisien. L’ancienne secrétaire d’État chargée de l’Égalité femmes-hommes y évoque la liberté des femmes en Afghanistan, la défense du droit à l’IVG, les droits LGBT mais aussi la politique et la littérature.
« Les lecteurs potentiels ont déjà obtenu (…) le principal des informations »
Dans sa « plainte » à l’Arcom, Me Emmanuel Ludot, l’avocat de Jean-Christophe Florentin, explique que son client a pris attache avec les plus hauts responsables de la chaîne d’information afin de « s’élever contre des pratiques déloyales, susceptibles de caractériser une ou plusieurs infractions pénales en leur demandant instamment de bien vouloir cesser d’utiliser des photographies, sans l’accord du propriétaire du journal, ni de madame la Ministre ».
Selon l’avocat, ces photographies ont été manifestement subtilisées dans des conditions à ce jour inconnues. « En tout état de cause, il apparaît qu’il s’agit d’un acte de piratage pour obtenir à bon compte une exclusivité sans l’accord des personnes physiques et morales, détentrices des droits, quels qu’ils soient », poursuit le conseil de Playboy. « À BFM, on m’a répondu que c’était la liberté de la presse », confie Jean-Christophe Florentin.
La société Kanra Publishing France, qui publie le « mook », considère le préjudice comme « extrêmement élevé ». « La diffusion de ces photographies ne permettra pas la vente de ce trimestriel dans des conditions espérées au regard de l’importance du sujet traité, puisque les lecteurs potentiels ont déjà obtenu, à cause des méthodes répréhensibles de cette chaîne d’information, le principal des informations », relève encore l’avocat de Jean-Claude Florentin, qui dit se réserver le droit d’assigner la société BFMTV devant le tribunal judiciaire de Paris.
La plus « Playboy compatible »
Cette interview accompagnée de photos de la ministre dans Playboy a suscité d’innombrables réactions dans la classe politique, à commencer par la Première ministre Élisabeth Borne. La cheffe du gouvernement a appelé Marlène Schiappa pour lui dire que son interview dans Playboy n’était « pas du tout appropriée » dans le contexte actuel. De son côté, la gauche s’est indignée de cette communication en pleine crise sociale.
Pour l’éditeur de la publication, Marlène Schiappa est la femme politique « la plus Playboy compatible parce qu’elle est attachée au droit des femmes et qu’elle a bien compris que Playboy n’est plus une publication de vieux machos mais pouvait, au contraire, être un instrument de la cause féministe ».
Très active sur les réseaux sociaux et abonnée aux plateaux télévisés, Marlène Schiappa a « toujours assumé de parler à tout le monde et d’avoir une communication disruptive », a affirmé son entourage. Elle est « la seule ministre capable d’aller répondre aux questions d’un magazine comme Playboy », a vanté la même source.
Sollicité ce mardi, Philippe Corbé, directeur de la rédaction de BFMTV, n’a pas souhaité faire de commentaire après avoir consulté la direction générale de la chaîne d’information continu.
Source : Le Parisien