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Affaire MURRAY

"S’agissant de la décision obtenue par les fans de Mickaël JACKSON :  j’ai travaillé de manière désintéressée compte tenu du caractère exceptionnel de cette procédure.
Cette décision est une première mondiale." 
Me LUDOT Emmanuel

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Présidentielle : le frère d’une handicapée saisit la justice pour qu’elle puisse voter dimanche

Soutenant avoir été informé trop tard de la loi de 2019 sur le droit de vote des majeurs protégés, il regrette que sa soeur atteinte de trisomie 21 se retrouve écartée du scrutin. Son avocat a saisi mardi le tribunal judiciaire de La Roche-sur-Yon (Vendée).

 

Aurélie, atteinete de trisomie 21, se retrouve écartée sur scrutin. Son avocat a saisi mardi le tribunal judiciaire de La Roche-sur-Yon

Mickaël espère qu'Aurélié, sa soeur handicapée, pourra glisser son bulletin dans l'urne à la présidentielle. Il n'a découvert que le 24 mars qu'elle pouvais voté, soit 20 jours avant après la clôture des listes d'inscription.

Les professions de fois sont arrivées cette semaine, "Mais son choix est déjà fait", glisse Mickaël en confiant que sa soeur a "souri" en découvrant les documents des candidats. Ce professeur de musique sait interpréter cette expression sur le visage d’Aurélie, 38 ans, atteinte de trisomie 21 et privée de la parole. Le moindre geste, la moindre réaction. « Nous avons les codes. Là, elle s’est montrée enjouée, me confirmant qu’elle veut voter », résume Mickaël qui espère encore que sa sœur puisse participer au scrutin présidentiel de dimanche. Ce qui est loin d’être sûr.

Problème, cette majeure protégée, dont le tuteur est l’UDAF de Vendée, n’est pas inscrite sur les listes électorales de La Ferrière, localité, située à 15 km au nord- est de La Roche-sur-Yon où elle vit actuellement avec sa mère et son frère. Ce dernier affirme n’avoir découvert qu’Aurélie avait le droit de vote que le 24 mars dernier, dans une lettre de l’association Adapei-Aria Vendée qui s’occupe de plus 5 000 personnes handicapées dans ce département et dont l’un des foyers médicalisés a longtemps accueilli Aurélie. Le 24 mars, soit 20 jours après la clôture des inscriptions.

Confronté à ce qu’il qualifie de « négligence », le professeur de musique place ses derniers espoirs dans la requête déposée, mardi, par Me Emmanuel Ludot devant le tribunal judiciaire de La Roche-sur-Yon.

L’avocat a demandé au juge du contentieux et de la protection trois choses : ordonner l’inscription d’Aurélie sur les listes électorales de la Ferrière, ordonner la délivrance sans délai d’une carte d’électeur, et ordonner la désignation de Mickaël comme la personne chargée d’assister Aurélie et de l’aider à voter. Le tout en s’appuyant sur la loi du 23 mars 2019 qui consacre le droit de vote et ses modalités des majeurs protégés (personnes sous tutelle, curatelle, habilitation familiale).

En allant voter, ma sœur se sentira considérée

Cette loi, Mickaël convient qu’il ne la connaissait pas. « Mais nous aurions dû être prévenus en amont », déplore le frère d’Aurélie investi depuis de très longues années pour, selon ses mots, « son bien-être et sa santé ». Il affirme avoir découvert l’existence de ladite loi dans le courrier de l’Adapei-Aria dont l’objet est la mobilisation pour l’accès au vote. « L’association agit pour faire en sorte que chaque personne en situation de handicap que nous accompagnons puisse exercer son droit de vote, cet acte essentiel du citoyen », souligne son président dans ce courrier du 24 mars, rappelant que ces personnes ne sont pas seulement les « destinatrices » des politiques publiques mais des « actrices qui participent à la vie publique et citoyenne. »

Le frère d’Aurélie salue évidemment l’existence de cette loi et en mesure toute la portée. « Nous nous battons depuis des années pour que des personnes comme ma sœur soient intégrées à la société, acceptées. En allant voter, ma sœur, qui suit l’actualité avec nous, qui comprend et perçoit des choses, se sentira considérée », développe Mickaël qui regrette toujours de ne pas avoir été mis au courant plus tôt.

Contacté mercredi, l’Adapei-Aria de Vendée rappelle d’abord, par la voix de son directeur général, Patrick Soria, la nature « militante » de l’association, affiliée à l’Unapei, puissant réseau associatif qui œuvre depuis soixante ans en faveur des personnes en situation de handicap intellectuel, autistes, polyhandicapées et porteuses de handicap psychique. Veiller à l’accès au vote est un combat parmi des centaines d’autres.

C’est au tuteur ou aux familles de se charger de l’inscription sur les listes électorales

« Nous rappelons ce droit aux mairies, avec des conseils pratiques notamment pour préparer et organiser le vote des personnes handicapées, parfois en faisant des simulations », indique le directeur Patrick Sauria. Questionné sur le cas d’Aurélie, et la lettre d’information jugée « bien trop tardive » par Mickaël, le même se défend de toute négligence.

« Les inscriptions sur les listes électorales ne font pas partie des obligations de l’association. C’est au tuteur ou aux familles de s’en charger. Il n’en demeure pas moins que nous avons été amenés à le proposer à des personnes dans les établissements que nous gérons », précise le directeur général.

Aurélie aurait-elle pu en bénéficier ? Compliqué, à écouter le directeur général qui explique que l’association n’avait plus de contact avec les proches de jeune femme après son départ du foyer en juillet. « Nous avons même fait un courrier à l’UDAF début mars pour signaler notre inquiétude sur la situation de cette personne. », ajoute-t- il. « Avec la crise, ma sœur est revenue chez nous », confirme Mickaël dont le credo est : « Il faut faire confiance aux familles ». Désormais, il fait confiance à la justice pour que sa sœur puisse glisser son enveloppe dans l’urne dimanche.

Source : Le Parisien

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