Mister Boo, l’ex-Monsieur muscles de « Fort Boyard », attaque la production aux prud’hommes
Cyril-André Chassignon a été écarté du jeu télévisé par la société de production ALP quelques mois après avoir été condamné pour un trafic de produits dopants. Il demande la requalification de ses CDD en CDI et une somme de 38 000 euros
Dressé en pleine mer au large de l’estuaire de la Charente, Fort Boyard, qui sert d’écrin depuis 30 ans au jeu télévisé diffusé sur France 2, était bien malgré lui la vedette de l’audience du conseil des prud’hommes de Rochefort, jeudi 8 avril. L’un des ex-personnages de l’émission phare de l’été poursuivait en justice ALP (Adventure Line productions), la société qui produit l’émission (et qui compte à son catalogue « Koh-Lanta »). Cyril-André Chassagnon, plus connu sous le nom de Mister Boo, donnait du fil à retordre aux candidats en tentant de les empêcher d’accéder aux clefs. Il a joué ce personnage tout en muscles durant sept saisons, de 2013 à 2019. Le contrat à durée déterminée du lutteur, qui durait le temps du tournage (une douzaine de jours par an en moyenne), n’a pas été renouvelé à l’aube de la saison 2020.
Entretemps, Cyril-André Chassagnon a été condamné en septembre 2019 par le tribunal correctionnel de Valence (Drôme) à un an de prison avec sursis pour Il avait commandé et vendu à des clients de sa boutique de diététique sportive des produits dopants, anabolisants, stéroïdes. On a raconté une belle histoire à la presse sans dire la vérité
Une mise à l’écart que le culturiste conteste et reconnaît dorénavant, après avoir dans un premier temps assuré qu’il avait quitté le jeu de lui-même pour mener à bien des projets individuels. « C’était de la com’, on a raconté une belle histoire à la presse sans dire la vérité, aucune des deux parties n’y avait intérêt », glisse aujourd’hui le défenseur de Mister Boo.
Décision le 8 juillet
Me Ludot (barreau de Reims) a demandé la requalification des CDD en CDI, ainsi que 18 000 euros de dommages et intérêts et 20 000 euros pour avoir effectué des heures de nuit lors des tournages, entre 21 heures et minuit. Selon lui, ALP, qui « vérifiait qu’il avait toujours un bon paquet de muscles », ne pouvait ignorer qu’il prenait « des stéroïdes anabolisants : qu’on ne vienne pas jouer les vierges effarouchées ». Il invoque aussi la préparation physique à effectuer avant les tournages, au total sur « six mois de l’année », ce qui lui fait dire qu’il a existé « un lien continu pendant ces six années ».
Des arguments balayés par son contradicteur, Me Bachellerie (barreau de Paris). Ironiquement, l’avocat d’ALP s’est demandé si « à ce rythme-là », des maîtres nageurs employés l’été pourraient effectuer des demandes de requalification de contrats identiques au vu de leurs besoins d’entraînement en piscine le reste de l’année.
Plus sérieusement, il a par ailleurs indiqué qu’ALP avait recours à des CDD dits d’usage, tels qu’ils sont permis dans l’audiovisuel, et pour lesquels M. Chassagnon touchait 200 euros pour huit heures de travail, en sachant que le travail de nuit s’appliquait entre minuit et 7 heures, selon la convention collective. « Sans engagement de reproposer le rôle l’année suivante », précise-t-il, ajoutant qu’ « aucun document montrant un état de subordination existait ».
Le conseil des prud’hommes rendra sa décision le 8 juillet prochain.