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Affaire MURRAY

"S’agissant de la décision obtenue par les fans de Mickaël JACKSON :  j’ai travaillé de manière désintéressée compte tenu du caractère exceptionnel de cette procédure.
Cette décision est une première mondiale." 
Me LUDOT Emmanuel

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Victime de harcèlement, Raphaël, 9 ans, a voulu mourir

En juin dernier, Raphaël, 9 ans, a fait une tentative de suicide. Hospitalisé un mois, il se remet peu à peu… Ses parents dénoncent un harcèlement scolaire dont il aurait été victime.

 Puisque je ne peux pas m’électrocuter, je vais sauter par la fenêtre… » C’était le 11 juin dernier. De retour de l’école, où il venait d’assister à une intervention des gendarmes sur le harcèlement scolaire, Raphaël, élève en classe de CM1, dans une école privée de l’arrondissement de Reims, a voulu mettre fin à ses jours. « Je ne sers à rien, je veux mourir. Je veux mourir parce que je suis nul, je suis inutile. Je vais faire comme cette élève, je vais me suicider. »

Devant ses parents médusés, le garçon de 9 ans s’est rué dans la chambre. « Il était en crise. C’est comme s’il n’était plus là, se souvient sa mère. Il a pris une ceinture de peignoir et a tenté de s’étrangler. Il serrait fort, mais on a réussi à la lui enlever. Il a couru dans la cuisine pour prendre un couteau, j’ai pu refermer le tiroir juste avant… Il est parti en courant vers l’escalier. Il a monté les marches quatre à quatre et s’est enfermé dans la salle de bain. Il avait pris le pommeau de douche et il disait qu’il allait s’électrocuter. Avec le jet, il visait les lampes… ». Son père a disjoncté le compteur, avant de défoncer la porte de la salle de bain.

Devant ses parents médusés, le garçon de 9 ans s’est rué dans la chambre. « Il était en crise. C’est comme s’il n’était plus là, se souvient sa mère. Il a pris une ceinture de peignoir et a tenté de s’étrangler. Il serrait fort, mais on a réussi à la lui enlever. Il a couru dans la cuisine pour prendre un couteau, j’ai pu refermer le tiroir juste avant… Il est parti en courant vers l’escalier. Il a monté les marches quatre à quatre et s’est enfermé dans la salle de bain. Il avait pris le pommeau de douche et il disait qu’il allait s’électrocuter. Avec le jet, il visait les lampes… ». Son père a disjoncté le compteur, avant de défoncer la porte de la salle de bain.

Raphaël a été hospitalisé un mois à l’hôpital américain. Il en est ressorti le 11 juillet dernier. Pour ses parents, qui ont assigné en justice l’école de leur fils, il n’y a pas de doute. « Raphaël était harcelé depuis le CP par plusieurs de ses camarades, il a disjoncté ce jour-là. Ce n’était pas la première fois. Il avait connu deux crises assez fortes avant de passer à l’acte. La première fois, il se prenait pour un soldat, confie sa mère. Il a fait ça après être revenu d’une sortie scolaire à Verdun, d’où il était rentré traumatisé. Il tremblait comme une feuille quand on l’a récupéré. Il nous a dit avoir été malmené par des camarades et laissé seul dans un petit train… Il était tellement persuadé d’être un soldat après ça que j’ai même cru qu’il était possédé ».

Possédé, certainement pas. Traumatisé oui. Le pédopsychiatre qui le suit évoque « le syndrome d’un stress post-traumatique dû à un harcèlement répété depuis des mois, ainsi que des troubles de dissociation, précise son père. La sortie à Verdun aurait été le déclencheur ».

Le syndrome d’un stress post-traumatique

De sa tentative de suicide, Raphaël a encore bien du mal à parler. À cette évocation, il baisse la tête comme s’il était fautif. Il reste fermé, mais se lâche un peu quand on lui demande d’évoquer ses camarades. « Je n’avais pas de copains. Ils voulaient pas de moi ; J’étais toujours tout seul… Y en a trois qui m’embêtaient tout le temps, surtout un. Il me prenait mon goûter. Ils me bousculaient et me frappaient. Ils me disaient de rien dire. » Et de se tourner vers ses parents : « Je peux pas répéter ce qu’ils disaient, c’est des gros mots… Je peux ? Il me disait “tu dis rien ou sinon je te bute ; je te nique, connard” ».

Le harcèlement aurait débuté dès la classe de CP, selon ses parents. « Nous étions régulièrement convoqués par la directrice qui nous disait que Raphaël avait un problème de comportement en classe. Elle l’a accusé d’être un voleur. On ne comprenait pas, il a toujours été un enfant calme… Aujourd’hui, on se sent humiliés, car on nous a fait passer pour les mauvais parents, c’était toujours la faute de Raphaël. S’il revenait avec des bleus, c’est parce qu’il était maladroit. Raphaël était devenu leur bouc émissaire ! »

La loi du silence

La difficulté, et c’est souvent le cas dans ce genre de situation, c’est que Raphaël a tout gardé pour lui, pendant près de trois ans, jusqu’à ne plus tenir. « Il n’a rien dit. C’est vrai, il traînait des pieds, reconnaît sa mère. Il ne voulait jamais aller à l’école. Il disait qu’il avait mal au ventre, mais on ne pensait pas que c’était si grave. Quelques jours avant d’entrer en CM1, il s’est remis à faire pipi au lit. On ne comprenait plus. Il a fini par nous dire qu’il était régulièrement frappé… »

Ses parents ont alors multiplié les rencontres avec la directrice de l’école, un établissement de la montagne de Reims. Elle est même allée voir la mère de l’élève harceleur.

En vain. Le harcèlement aurait continué. Raphaël a voulu en finir, comme cette élève dont les gendarmes avaient parlé, lors de leur venue à l’école.

Aujourd’hui, le garçon va mieux. Il a repris sa scolarité. Dans un nouvel établissement. Les terreurs nocturnes ont progressivement disparu. « J’aime bien, j’ai des copains… », reconnaît-il avec un sourire encore bien timide. Son institutrice, au fait de la situation, fait le point régulièrement avec ses parents. Raphaël a repris l’accordéon qu’il avait abandonné l’an passé… Depuis trois semaines, il ne fait plus pipi au lit.

«Il ne faut pas hésiter à porter plainte»

« Le harcèlement scolaire est en soi très compliqué à démontrer, reconnaît Matthieu Bourrette, procureur de la République de Reims, et ce pour plusieurs raisons. Il faut que les faits soient répétés, qu’il y ait une dégradation pour la personne qui en est victime et surtout qu’il y ait un lien entre les deux. Autant, il est facile de démontrer un vol, autant il est compliqué de prouver le harcèlement. Personne ne réagit de la même façon et c’est cette réaction-là qu’il nous faut analyser. Il existe un curseur individuel des conséquences. Notre difficulté, c’est d’être en capacité de démontrer que la situation dans laquelle une personne se retrouve est en lien avec des faits de harcèlement… et de le faire avant qu’il ne soit trop tard. Juridiquement, c’est vraiment difficile à démontrer, car il y a un aspect subjectif ».

À ce jour, aucune plainte n’a été déposée sur le ressort du tribunal de Reims, ce qui ne veut pas dire que le harcèlement est inexistant. « Le phénomène est sous-évalué, précise le procureur. Nous avons des bruits de fond, mais rien de concret. Nous sommes dans le non-dit ou le bruit de couloir. C’est un fond sonore très désagréable ». La difficulté, c’est l’absence de plainte. « Les parents n’osent pas porter plainte, ajoute Chantal Biehn, substitut en charge des mineurs, qui travaille en étroite collaboration avec la brigade des mineurs. Ils ont une certaine réticence à porter plainte contre un mineur. C’est regrettable, car ça nous permettrait de faire des vérifications. Nous préférons qu’une enquête soit classée mais qu’elle ait marqué les esprits, plutôt que de devoir gérer un drame ».

« Nous avons eu un signalement une fois dans un lycée. À l’initiative du parquet nous sommes allés sur place pour rencontrer les élèves. indique le procureur. Nous avons eu une plainte, en 2017. L’affaire a été classée, car il est toujours difficile d’apporter la preuve. Mais les faits ont cessé. Notre intervention peut faire en sorte de faire cesser ce genre de comportement. Actuellement, nous avons plus de chance que de réussite. On a eu des situations à risque, mais jamais de suicide. Nous avons une grosse marge de manœuvre sur le sujet. Le problème, c’est que pendant longtemps on a insuffisamment considéré la question. On n’a pas pris la mesure de l’importance du sujet et des conséquences sur les enfants. Le harcèlement commence très jeune. Il est dans tous les milieux, dans tous les établissements ».

L’autre difficulté pour le procureur, qui travaille actuellement sur la refonte de la convention « signalement » signée en 2010 avec l’Éducation Nationale (en y intégrant le harcèlement scolaire), c’est le silence qui entoure ce genre d’affaire. « Nous sommes confrontés au silence. Au silence de la victime, des témoins. À la méconnaissance des parents, du personnel éducatif. Ce silence, il nous est préjudiciable et il peut durer longtemps. C’est un silence impuissant et non, un silence coupable, car souvent il s’agit de maltraitance qui ne se voit pas. C’est malsain, pervers, mais c’est invisible ».

Le système harceleur-harcelé, un système complexe

Dramatiques, ces situations sont malheureusement « récurrentes », expliquait récemment dans nos colonnes, dans une affaire similaire de harcèlement, Joël Chanoir, le référent Marne dans la lutte contre le harcèlement scolaire. « Malheureusement le système harceleur-harcelé est un système complexe de relations. Souvent l’élève harcelé ne parle pas, car il a peur des représailles. La difficulté pour les enseignants, les parents est d’avoir les informations suffisamment tôt pour pouvoir lutter. Trop souvent, les faits sont découverts lorsqu’il est malheureusement trop tard. C’est compliqué et ça peut devenir dramatique. »

Source : L'Union

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