Chaque jour, plus de 1700 personnes sont victimes d'un accident du travail (BFMTV)
En moyenne, 1715 personnes par jour sont victimes d'un accident du travail en France. Et les salariés du BTP sont en première ligne. Depuis deux ans, un professeur d’histoire de la région parisienne recense les victimes et diffuse leurs histoires sur les réseaux sociaux. Parmi ces drames, la mort de Quentin, 21 ans, enseveli dans un silo qu’il était en train de nettoyer.
Des femmes et des hommes emportés en plein travail. En France, en 2016, 514 personnes sont mortes au travail et plus de 600.000 ont été victimes d’accident, selon la Caisse nationale d'Assurance Maladie.
Un fléau qui continue de s’étendre: lundi, un jeune homme de 26 ans est mort à Mansac, en Corrèze, percuté par un engin de chantier conduit par l'un de ses collègues. Ce même jour à Strasbourg, un homme de 45 ans s’est grièvement blessé après avoir chuté d’un échafaudage d’une hauteur d’environ six mètres.
Course à la productivité
Sur le site industriel de Cristanol à Bazancourt, dans la Marne, le dernier employé victime d’un accident mortel du travail s’appelait Quentin Zaraoui-Bruat. A 21 ans, ce jeune cordiste nettoyait, accroché en rappel, les parois des silos.
Eric Louis, un collègue et membre de l'association Les cordistes en colère, était présent au moment de l’accident, le 21 juin 2017. "Quelqu’un a ouvert une trappe et Quentin s’est fait aspirer", se souvient-il, interrogé par BFMTV. Le jeune homme a été enseveli en quelques secondes sous 370 tonnes de grains.
Pour Eric Louis, Quentin était un professionnel exemplaire qui aurait été poussé à prendre des risques par son employeur.
"Il a été victime de cette course à l’économie qui fait que ce qui prime c’est la productivité et les hommes on s’en fout, ils sont là pour bosser", tance-t-il.
La France, pays européen le plus meurtrier en 2011
Comme Quentin Zaraoui-Bruat, 538 travailleurs sont morts en France en 2009, 552 deux ans plus tard et 541 en 2013, sur les 618.263 accidents du travail connus, rapporte la Caisse nationale d'Assurance Maladie. Selon des données d’Eurostat rapportées par Le Parisien, en 2011, la France était le pays européen le plus meurtrier pour les travailleurs, avec 524 décès devant l'Allemagne (473 décès) et l'Italie (469). Des drames silencieux souvent mal indemnisés.
"Aujourd'hui la pire chose qui puisse arriver c'est de dire que vous avez été victime d'un accident sur votre lieu de travail, vous ne serez indemnisé que du tiers de votre préjudice", assure Karim Felissi, avocat conseil à la FNATH.
Pour obtenir réparation, la seule solution des accidentés du travail est parfois de passer devant la justice. La famille de Quentin Zaraoui-Bruat a porté plainte contre l'usine pour non respect de ses obligations de sécurité et de prudence. "Les employés doivent être considérés comme des êtres humains et non comme de la marchandise", soutient Emmanuel Ludot, l'avocat de la famille qui affirme que "des sanctions lourdes doivent s'abattre sur l'entreprise".
Donner de l'intérêt aux histoire des accidentés
Face à cette hécatombe silencieuse, certains sont bien décidés à dénoncer. Matthieu Lépine est professeur d’Histoire mais chaque soir, pendant deux heures, il se transforme en enquêteur et tente de recenser sur Internet tous les incidents graves de travail.
J’essaie de donner de l’intérêt aux histoires de tous les accidentés du travail, à ces gens qui font des chutes de 10 mètres sur un chantier par exemple
explique-t-il à BFMTV.
Matthieu Lépine compte poursuivre son travail pendant encore une année au moins. Ainsi, le professeur d’histoire espère alerter jusqu’au gouvernement sur ces drames silencieux.
Source : BFMTV