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Affaire MURRAY

"S’agissant de la décision obtenue par les fans de Mickaël JACKSON :  j’ai travaillé de manière désintéressée compte tenu du caractère exceptionnel de cette procédure.
Cette décision est une première mondiale." 
Me LUDOT Emmanuel

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Des travailleurs forcés envoyés en Allemagne pendant la guerre demandent réparation

La justice examine ce lundi la demande de ces Français du STO qui ont servi malgré eux de main-d'œuvre pour le régime nazi outre-Rhin entre 1943 et 1945.

Un dossier chargé d'histoire doit être étudié ce lundi après-midi par la 1re chambre civile du tribunal de grande instance de Paris. D'anciens travailleurs forcés du STO - ces jeunes Français expédiés en Allemagne nazie entre 1943 et 1945 - ou les ayants droit de ceux qui sont décédés depuis, réclament réparation pour avoir à leur corps défendant servi de main-d'œuvre corvéable au profit des entreprises du IIIe Reich. Me Emmanuel Ludot va ainsi plaider la cause de quatre de ces « requis » encore vivants et celle d'une petite vingtaine d'héritiers. Cette audience pourrait se révéler décisive dans le cadre de cette procédure inédite, celles engagées par d'ex-STO devant les prud'hommes ayant échoué.

Par une loi du 16 février 1943, le régime de Vichy crée le Service du travail obligatoire (STO) pour les jeunes gens nés en 1920, 1921 et 1922. Des sanctions sont prévues pour les réfractaires. Sur les 650 000 travailleurs acheminés en Allemagne, seuls 200 000 auraient été volontaires. Les autres ont gonflé bien malgré eux les rangs des esclaves du Reich, à l'instar d'Henri Salamanovitch qui y perdit et ses rêves de maquis et deux ans de sa vie. A 95 ans, il fait partie des ex-requis ou de leurs ayants droit pour chacun desquels Me Ludot réclame à l'Etat allemand la réparation d'un préjudice estimé à 100 000 euros. Mais la bataille s'annonce ardue sur le plan juridique.

La justice française est-elle compétente ?

« Le STO doit être assimilé à de l'esclavage. C'est un crime contre l'humanité, donc imprescriptible. Le profit tiré de cet esclavage par l'Etat allemand entre 1943 et 1945 s'analyse comme un recel de ce crime. La faute reprochée est d'avoir imposé ce système de travail forcé à grande échelle », expose Me Ludot, affirmant que la justice française est parfaitement compétente pour examiner ces demandes d'indemnisation. Mais, dans cette affaire, l'analyse du ministère public est défavorable aux requérants, mettant notamment en avant le principe de l'immunité de juridiction. Ce dernier a pour effet de faire échapper un État à la compétence des tribunaux d'un État étranger. Me Ludot assure pouvoir surmonter cet obstacle.

Le conseil des anciens du STO s'appuie sur une décision de la Cour de cassation grecque qui, en 2000, a validé la condamnation de l'Etat allemand à indemniser les victimes d'un massacre perpétré en 1944 en Grèce. « Cela a ouvert la voie pour les victimes d'autres crimes, tel le STO », estime Me Ludot. En 2014, il a demandé « l'exequatur » de cette décision grecque, c'est-à-dire son application en France. « Désormais, le principe de l'immunité de juridiction doit être écarté », conclut l'avocat. Là encore, le ministère public n'est pas d'accord. Les magistrats de la 1 re chambre devront trancher. Ils rendront leur décision dans quelques semaines.

« C'est toujours dans ma tête »

Henri Salamanovitch, 95 ans

Il fait partie des quatre anciens travailleurs forcés encore vivants à réclamer réparation à l'Etat allemand. « Nous ne sommes plus qu'une poignée », relève Henri Salamanovitch, « 95 ans et demi », comme il le précise avec malice.

Quand nous l'avions rencontré en 2014, il nous avait longuement raconté son séjour outre-Rhin où l'administration nazie l'a réduit à un simple matricule, contraint de travailler entre mars 1943 et juin 1945 dans un abattoir, puis dans une boulangerie sous le joug d'un patron fanatique d'Hitler.

Il échappera de peu à la mort

« Je voulais partir au maquis mais la police française est venue me chercher à la maison. J'en veux au régime de l'époque. Je vous le répète, ils m'ont volé deux ans de ma vie », confie ce réfractaire du STO expédié en Allemagne où il échappera de peu à la mort pendant la chute de Berlin, cible tour à tour d'un officier de la Wehrmacht puis d'un soldat de l'Armée rouge. Cette période douloureuse de sa vie, ce veuf installé à Everly (Seine-et-Marne) ne l'a jamais oubliée. « Ça marque, c'est toujours dans ma tête, comme un film », confie le nonagénaire qui suit l'évolution de la procédure. « Aura-t-on gain de cause ? Peut-être bien que oui, peut-être bien que non. Ce serait parfait, je garde espoir. En cas d'indemnisation, ce sera pour ma famille », ajoute ce grand-père entouré des siens.

Source : Le Parisien

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