Levothyrox : un expert va examiner le lien entre changement de formule et effets secondaires
L’expert désigné par la justice devra rechercher si les troubles allégués par une patiente ont un lien avec le changement de formule du médicament de la thyroïde.
C’est une décision qui pourrait se révéler décisive dans l’affaire du Levothyrox, ce médicament référence de la thyroïde dont le récent changement de formule aurait provoqué de graves effets secondaires chez des milliers de patients.
Selon nos informations, le tribunal administratif (TA) de Montpellier (Hérault) a ordonné, mercredi, une expertise médicale afin de déterminer si les troubles de santé allégués par une jeune femme de 37 ans sont ou pas en lien direct et certain avec la prise du Levothyrox nouvelle formule. L’expert désigné, professeur d’endocrinologie, devra également « indiquer la nature des changements apportés à la formule du Levothyrox et les éléments ayant conduit à ce changement ».
Sandra B., domiciliée dans l’Hérault, souffre d’une insuffisance de sécrétion de la glande thyroïde. A ce titre, elle prend depuis de longues années du Levothyrox, fabriqué par le laboratoire Merk. Depuis le changement de formule, intervenu fin mars, Sandra affirme souffrir de nombreux troubles, notamment une somnolence et un épuisement quotidien, ainsi qu’une importante perte de cheveux au point qu’elle ose à peine se coiffer.
Soupçonnant la nouvelle formule du médicament d’être à l’origine de ces effets secondaires, la jeune femme a déposé une requête devant le juge des référés du TA de Montpellier, le 12 septembre. Objectif : obtenir une mesure d’expertise. Le ministère des Solidarités et de la Santé s’est opposé à cette demande, exposant notamment que les préjudices avancés par la requérante n’étaient pas établis et que leur imputabilité à la prise du Levothyrox nouvelle formule n’était pas démontrée. De plus, le ministère estimait que cette patiente prenait de nombreux autres médicaments susceptibles d’entraîner les effets indésirables décrits. De son côté, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), le gendarme du médicament qui avait demandé dès 2012 au laboratoire Merck de travailler à une nouvelle formule du Levothyrox, ne s’était pas opposé à la requête.
Mercredi, le TA de Montpellier a donc tranché en faveur de Sandra B en ordonnant une mesure d’expertise médicale. L’endocrinologue pourra, s’il le souhaite, recourir à l’aide d’un sapiteur, autrement dit un sachant, pour mener sa mission. « Je me félicite de cette décision. Cette expertise, qui est une première, va permettre d’examiner le lien de causalité entre la nouvelle formule et les troubles apparus chez la patiente. Elément important, surtout, l’expert va se pencher sur la composition exacte de cette nouvelle formule du Levothyrox », réagit Me Emmanuel Ludot, avocat de Sandra B.
Source : Le Parisien